Les futurs maires, «hussards de la transition écologique »
MUNICIPALES 2020 15/11/2019
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A quatre mois des élections municipales de mars 2020, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) met à disposition des candidats un guide intitulé « Demain mon territoire ». L’Agence entend les encourager à intégrer dans leur programme des mesures favorables à la transition écologique, dont le maire est un « acteur clé ». Disponible gratuitement sur le site de l’Ademe, il sera présenté du 19 au 21 novembre au Salon des maires et des collectivités locales (SMCL), à Paris.
« The best en matière de transition écologique » : le président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), Arnaud Leroy, « n’est pas peu fier » du guide, intitulé « Demain mon territoire », conçu par ses services à destination des futurs candidats aux élections municipales des 15 et 22 mars 2020. Constitué de vingt fiches pratiques, il sera diffusé largement, du 19 au 21 novembre, à Paris, dans le cadre du Salon des maires et des collectivités locales (SMCL).
Fruit d’un partenariat avec les associations France Urbaine, AdCF et Les Eco-maires – mais pas l’AMF : « Les affaires de logo, c’est toujours compliqué », commente Arnaud Leroy -, il dessine les contours de ce que peut être le « gratin de la ville durable ». « Aconfessionnel et apartisan », il s’adresse à tout aspirant à un mandat municipal, « quelle que soit son appartenance politique ».
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Diminuer l’empreinte écologique des bâtiments, réduire le volume de déchets, produire une énergie propre, se déplacer autrement, respirer un air sain, acheter responsable, mettre en place ces transformations avec la population… Chaque thématique abordée est illustrée par des cas concrets, des réalisations de collectivités, du village normand de 954 habitants à la métropole occitane de 848 000 habitants. La rubrique s’intitule « Ils le font déjà ! » (voir ci-dessous). En raison du contexte pré-électoral, les territoires ne sont pas cités, juste caractérisés par leur localisation et leur démographie. L’ensemble des régions métropolitaines et d’outre-mer sont représentés.
Parallèlement à ces retours d’expérience, chaque fiche propose des outils, dans une rubrique « Comment faire ? » L’une d’elles se penche sur la question de la gouvernance et propose de confier la stratégie climat au premier adjoint, car la transition écologique « a besoin d’être portée au plus haut niveau ». Mais aussi traitée de manière transversale : élus en charge du logement, des transports, de l’énergie, du développement économique, des déchets et des espaces verts devraient ainsi travailler main dans la main.
« La clé de la transition écologique, ce sont les territoires, développe Arnaud Leroy. Les impulsions de l’Etat ne suffiront pas. Les hussards de la transition, ce sont les maires et les présidents d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). » « Chacun doit prendre la mesure de l’impératif pour la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050, poursuit-il. Or, quand on voit le temps qu’il faut pour monter un projet… »
L’heure est, d’ailleurs, déjà à « s’adapter au changement climatique », sujet d’une fiche à part entière. Pour cela, il convient d’entreprendre un diagnostic « pour connaître la vulnérabilité de son territoire ». Puis, à partir de ses résultats, « d’élaborer une stratégie ». Par exemple, cette station balnéaire de Nouvelle-Aquitaine, 4 600 habitants l’hiver et 80 000 l’été, dont l’économie touristique est menacée par la montée du niveau de la mer, a lancé une réflexion sur une relocalisation de ses activités. Et cette commune d’Ile-de-France de 52 000 habitants a construit une école primaire conçue pour faire face à des vagues de chaleur qui seront de plus en plus fréquentes, mais sans recourir à la climatisation et tout en offrant un confort thermique à ses occupants.
Après cet exercice somme toute théorique, consistant à « infuser la petite graine de la transition écologique dans les têtes des candidats », explicite Arnaud Leroy, l’Ademe voudrait proposer aux élus, anciens comme nouveaux, des formations pratiques, en collaboration avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).
Courrier des Maires
Ici, l’installation de panneaux solaires thermiques, qui ont permis de réduire de 73% la consommation de gaz du centre nautique et sportif ; là, un dispositif d’autostop sécurisé ; ailleurs, la construction d’une salle polyvalente sur un ancien site industriel, occasion de dépolluer des terres, de les végétaliser et d’éviter ainsi l’artificialisation de quelques dizaines de milliers de mètres carrés. Les vingt fiches pratiques publiées par l’Ademe, à destination des candidats au scrutin municipal des 15 et 22 mars 2020, recensent quelque 74 initiatives de collectivités.
Autres exemples : la création d’un éco-quartier, visant à retenir les jeunes ménages modestes qui seraient, sinon, partis s’installer en périphérie ; la mise en place d’un centre de livraisons urbain, afin de réduire les congestions dans le centre-ville ; l’instauration d’une zone à faibles émissions (ZFE) pour lutter contre la pollution de l’air due à la circulation automobile ; le développement d’un Projet alimentaire territorial (PAT), bénéficiant tant aux citoyens qu’aux filières agricoles locales ; le lancement d’un marché public imposant une production alimentaire locale et biologique, dans le respect de la ressource en eau ; l’organisation d’un marché de Noël de la seconde vie, proposant des objets réalisés à partir de matériaux recyclés ; etc. « Une compilation de bonnes pratiques » que le président de l’Ademe, Arnaud Leroy, espère voir inspirantes pour un maximum de prétendants à diriger une collectivité.