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FEDERATION DES ELU-ES ECOLOGISTES & CENTRE AGGREE PAR LE MINISTERE DE L'INTERIEUR POUR LA FORMATION DES ELU-ES

05 Jan

L’environnement au cœur des politiques locales !

Publié par JCB Secrétaire Général

MUNICIPALES 2020 02/01/2020

« Les maires écologistes placeront l’environnement au cœur des politiques locales »

Portrait BrunoBernard 1

Tous les prétendants sérieux à la course des élections municipales se drapent aujourd’hui de «vert» et ajoutent un volet «environnement» à leurs programmes. Loin d’effrayer Europe Ecologie-Les Verts, cette situation nouvelle nourrit au contraire leurs ambitions électorales. Membre du nouveau bureau exécutif en charge des élections, Bruno Bernard espère voir son parti prendre les manettes de plusieurs mairies à cette occasion. Glisser un bulletin EE-LV dans les urnes permettrait, à l’entendre, de remédier au faible ancrage local de l’écologie politique, mais surtout de verdir les politiques publiques locales et d'accélérer, par le bas, la lutte contre le réchauffement climatique.

 

Cet entretien avec Bruno Bernard est le second d’une série qui verra la rédaction du Courrier des maires partir à la rencontre des responsables des principaux partis politiques français engagés dans la bataille des élections municipales 2020. C’est le député (LREM) Pierre Person qui avait inauguré, en premier, cette série à la veille du Congrès des Maires.

Courrier des Maires : en quoi les élections municipales, scrutin qui vous réussit traditionnellement moins bien que les européennes ou les régionales, revêtent-elles un caractère particulier, en 2020, pour Europe Ecologie-Les Verts ?

Bruno Bernard : Aujourd’hui comme hier, les écologistes ont toujours considéré le niveau municipal comme un échelon pertinent pour agir. De l’organisation des mobilités à la gestion des déchets, les maires ont la main sur énormément de politiques publiques renvoyant à la préservation de l’environnement. Ce n’est pas tant les écologistes qui ont changé, que le contexte politique.

Une large majorité de nos concitoyens, vivant dans les grandes villes comme les villes moyennes ou petites, ont intégré l’urgence climatique. Eux-mêmes ont d’ailleurs fait évoluer leurs comportements dans leurs gestes du quotidien. Mais ils ressentent bien le décalage croissant entre leur prise de conscience individuelle et la faible prise en compte de l’écologie dans les politiques publiques locales.

 

Lire aussi : Mieux soutenir les collectivités et ancrer l’écologie au-delà de la morale

Pourtant, les écologistes font ou ont fait partie intégrante de nombreux exécutifs municipaux au cours du dernier mandat ?

Nous ne renions pas ce fait. Depuis 2001, les écologistes ont beaucoup pesé à Paris, par exemple, avec la création d’une régie publique de l’eau ou de couloirs de bus, mais aussi à Lyon avec le réaménagement des berges du Rhône et la multiplication des pistes cyclables. Autant d’avancées qui n’étaient du tout considérées comme naturelles, à l’époque, par nos partenaires et qui ont contribué à la transformation – positive – de la plupart de nos villes. Sauf que, face aux enjeux climatiques et aux niveaux de pollution de l’air, les mairies ne vont aujourd’hui ni assez loin ni assez vite.

Enclencher la vitesse supérieure rime-t-il automatiquement, comme le pensent vos adversaires, avec « écologie punitive » ?

Il existe un large faisceau de mesures, plus ou moins contraignantes, pour réduire la pollution. Il faudrait déjà commencer par faire preuve d’un minimum de cohérence : les candidats ne peuvent plus promettre de développer les transports en commun, en même temps qu’ils budgètent 4 ou 5 milliards d’euros pour des projets routiers comme c’est le cas avec la rocade de Lyon.

Lire aussi : « Les élus ne peuvent pas attendre que l’Etat agisse seul sur la pollution »

Nous, écologistes, croyons que le vélo électrique représente par contre une alternative sérieuse à la voiture. Reste encore à mettre le paquet sur la création de pistes sécurisées reliant les communes de la première couronne aux centres-villes, où des abris permettraient de stationner sans risque de vols, pour concrétiser ce changement modal. Et pourquoi ne pas interdire, à moyen-terme, la circulation de véhicules diesel dans l’espace métropolitain ?

L’absence de campagnes électorales et de débats intercommunaux n’affaiblit-elle pas les exécutifs intercommunaux qui souhaiteraient, justement, agir par le biais de mesures fortes ?

L’absence d’élections directes prive évidemment les présidents de métropoles ou d’agglomérations d’une légitimité par rapport aux maires. Cela dit, j’ai l’impression que les candidats aux municipales discutent des compétences métropolitaines. Ne serait-ce qu’ici à Lyon où je suis tête-de-liste pour le scrutin métropolitain, l’on discute beaucoup de l’explosion des prix de l’immobilier et de la difficulté  de plus en plus grande à se loger. Même dans les plus petites agglomérations, certains abordent des sujets communautaires comme l’énergie ou la redynamisation commerciale au cours de leurs campagnes. En tout cas, aucun candidat écologiste ne se réduit à parler des seules compétences municipales : culture, éducation et police municipale.

Mais disposez-vous, au sein d’EE-LV, de stratégies intercommunales vous donnant de réelles chances d’opérer une transition écologique ambitieuse au niveau local ?

Mis à part la métropole de Lyon où les élections sont séparées, le scrutin municipal et intercommunal ne forment qu’un, partout ailleurs. C’est-à-dire que ce sont les scrutins municipaux qui font l’élection intercommunale. Même si le devenir de nos territoires se décide pour beaucoup à la métropole ou l’agglomération qui disposent de compétences de plus en plus stratégiques, les politiques communautaires tiennent automatiquement compte de l’avis des maires. Dans les faits, c’est au maire de Lille de donner le « LA » pour accélérer le développement du métro au cours du prochain mandat, pas tant au président de la métropole qui est pourtant officiellement compétent.

Lire aussi : Imposer l’évidence intercommunale dans la campagne, coûte que coûte

Mais il est bien sûr plus aisé de mettre l’écologie au cœur des politiques locales lorsque vous avez des élus dans la ville-centre ainsi que dans des communes périphériques. C’est pourquoi nous multiplierons le nombre de listes EE-LV dans les plus grandes villes, passant de 17 sur 40 en 2014 à plus du double aujourd’hui. C’est une première  pour nous de candidater dès le premier tour, par exemple, à Marseille ou Nice. Mais nous nous engagerons aussi dans un certain nombre de communes situées en première couronne des grandes villes, type Ivry-sur-Seine, Villeurbanne ou Oullins.

Au niveau communal, alors, vos ambitions électorales se limitent-elles au monde urbain, ou bien envisagez-vous d’autres prises dans des petites villes ou des territoires ruraux ?

Notre objectif, c’est d’être en tête du second tour et piloter un maximum de mairies possible – peu importe leurs tailles. Les intentions de vote qui, pour l’heure, confirment nos scores élevés dans les grandes villes comme Bordeaux, nous rendent confiants. Mais attention : ce n’est pas parce que nous avons fait 21% en juin dernier lors des européennes à Lyon que nous y ferons 21% en mars prochain…

J’espère sincèrement que nous remporterons aussi des mairies intermédiaires comme Besançon ou de plus petites villes, et conserverons l’ensemble des villes déjà gagnées en 2014. Notre second objectif, c’est de doubler voire tripler le nombre d’élus locaux écologistes. Cela nous aiderait alors à relever notre troisième objectif, qui consiste à nous imposer durablement dans le paysage politique français.

Les municipales représentent-elles un test pour EELV avant la présidentielle 2022 ?

Ce serait vous mentir que d’affirmer l’inverse. C’est toujours l’élection municipale qui donne le ton de la prochaine présidentielle, pas le scrutin européen – où nous avons pourtant performé –, ni les départementales ou les régionales. L’effet médiatique est toujours important lorsque vous gagnez de grandes villes. Les municipales doivent nous permettre de donner à voir les politiques alternatives que nous mettrions en place par rapport à la droite libérale d’Emmanuel Macron ou de l’extrême-droite.

Estimez-vous avoir déjà gagné la bataille culturelle, vu le nombre de candidats souhaitant rendre leurs villes plus vertes et respirables, planter des arbres supplémentaires, etc ?

Les élections européennes nous ont confirmé que, plus on parlera des thématiques environnementales, plus on fera de voix. Ce qui n’est pas si surprenant : la sincérité des écologistes est reconnue, et notre crédibilité sans commune mesure par rapport à celle des politiques en général (1). La plupart des décideurs trouvent toujours de bonnes – ou plutôt, de mauvaises – raisons pour investir dans une rocade plutôt que de renforcer les transports en commun ou les modes de circulation doux. Ce ne sera pas notre cas.

Lire aussi : Qui remportera l’OPA sur l’environnement aux élections ?

Soit, mais la stratégie d’autonomie dès le 1er tour était-elle obligatoire pour espérer concrétiser votre ambition aux municipales ?

Ce terme d’« autonomie » avait du sens voilà dix ans, lorsqu’il y avait un parti dominant à gauche et que ses partenaires cherchaient à « se compter » afin de peser dans la négociation d’accords d’appareils visant à se distribuer un maximum de postes. Mais pourquoi devrions-nous désormais systématiquement partir derrière des socialistes avec qui nous avons parfois des divergences majeures sur des infrastructures inutiles ? La même question se posera d’ailleurs lors des prochaines élections départementales : sur le tiers des départements dirigés par le PS, les écologistes n’approuvent pas la majorité des politiques qui y sont aujourd’hui menées.

Je ne vois pas en quoi cette stratégie déclencherait des duels fratricides ou favoriserait la droite : lors des municipales 2001, il y avait une liste verte au premier tour à Paris sans que cela n’ait empêché la gauche et les écologistes de gouverner la capitale continuellement depuis cette date. Si Martine Aubry ne parvenait pas à conserver le Beffroi de Lille, il y a franchement plus de chances que le prochain maire soit un écologiste qu’un marcheur ou un élu Les Républicains.

Vos candidats ne manquent-ils pas de notoriété face aux éléphants socialistes qui se verdissent à toute vitesse, de Gérard Collomb à Martine Aubry ?

A moins qu’un vent de dégagisme ne souffle en mars 2020, théorie à laquelle je ne crois pas, les maires sortants disposent d’un net avantage. Mais, je le redis, cela ne nous empêchera pas de défendre nos projets devant les électeurs au premier tour. C’est l’intérêt du pluralisme politique, d’autant plus que toutes nos têtes-de-liste ne sont pas étiquetées EE-LV : sur Lyon, nous comptons un porte-parole des Marches pour le Climat, une bénévole d’un collectif anti-pub, c’est le peuple de l’écologie au sens large qui se présente sur nos listes.

Lire aussi : « Un pacte de la transition dans une logique d’interpellation des candidats »

Les candidats écologistes critiquant les effets négatifs des politiques d’attractivité pourront-ils intégrer, demain, des majorités avec le PS ou LREM ?

Il n’y aura pas d’accords nationaux : rien ne condamnera nos candidats à faire alliance avec un socialiste productiviste défendant un projet passéiste. Mais rien n’exclut, non plus, de s’accorder autour d’un projet commun avec certains élus PS ayant évolué dans le bon sens : ils restent des partenaires naturels. Nous pourrions fusionner avec toute liste de gauche à l’issue du premier tour, ainsi éventuellement que des listes centristes dès lors que leurs candidats accepteraient de placer l’écologie au cœur de la prochaine mandature.

Tous nos candidats devront se questionner sur la possibilité, ou non, de rapprocher nos différents points de vue et de constituer, ou non, une majorité plurielle prête à travailler de 2020 à 2026. Car l’urgence climatique nous impose d’agir vite, donc à tout le moins de peser dans les prochains exécutifs. Par contre, nous ne participerons pas à des alliances hétéroclites sans colonne vertébrale, programmant de molles actions à long-terme et les reportant systématiquement… Il ne nous semble pas envisageable, non plus, de nous rapprocher de LREM qui mène au niveau national des politiques inverses à ce que nous prônons. Il suffit de constater le silence du gouvernement face au recours de l’Affaire du Siècle ou les ordres de l’Etat donnés aux préfets d’attaquer tout arrêté municipal anti-pesticides pour s’apercevoir que la fracture idéologique entre nos deux partis est trop grande.

Les bilans de Grenoble, Grande-Synthe ou Loos-en-Gohellereprésentent-ils des « modèles » à reproduire ?

La mise en place d’un ambitieux budget participatif à Grenoble préfigurerait ce qu’un maire écologiste pourrait être amené à faire, demain, en termes de démocratie locale, par exemple. Ce qu’ont pu réaliser les maires ou adjoints EELV de Grande-Synthe ou Loos-en-Gohelle autour de l’énergie ou de l’approvisionnement des cantines en produits bio et locaux est également susceptible de parler au plus grand nombre. Lorsque vous vous fixez les mêmes objectifs, vous partagez logiquement les mêmes solutions. Idem pour le candidat parisien David Belliard et moi-même à l’échelle de la métropole de Lyon, par exemple dans nos propositions visant à réduire l’incinération des déchets ménagers.

Il existe une plateforme programmatique commune, mais pour autant, le fonctionnement décentralisé d’EELV fait que chaque groupe local est libre de définir sa stratégie, ses candidats, son programme. Ainsi, les priorités de nos différents candidats changent en fonction des spécificités locales. Sur les thématiques sécuritaires, ils n’usent pas tous du même ton. A Villeurbanne, Béatrice Vessiller a annoncé la tenue, une année durant, d’« Assises de la sécurité et de la tranquillité publique. » Objectif : imaginer avec les citoyens des solutions permettant de reconquérir l’espace public face au trafic de drogue.

par Hugo Soutra Courrier des Maires
Note 01:

Un sondage d'Harris Interactive paru dans "Ca m'intéresse" en septembre 2019 indique que 75% des personnes interrogées considèrent EELV comme un acteur "sincère" pour agir pour l'environnement et 64% lui font "confiance pour agir". Deux taux qui tombent à 41% et 28% pour les "responsables politiques en général". - Retourner au texte

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